Source: Article intégral paru au Journal en ligne « Liberté Agérie » du 21/11/2008
Cimetière chrétien d’Aïn Benian/ quand une clôture digne des… morts ?
Le cimetière chrétien d’Aïn Benian est l’un des plus importants d’Alger. Selon les riverains, plus de 150 Français y ont été enterrés depuis plus d’un siècle. Perchée sur une superficie de 1 ha, cette nécropole est aussi l’une des plus anciennes en Algérie (elle a été créée en 1890). Pourtant, ce lieu historique reste sans… clôture. Celle qui existe est toujours celle bâtie par les autorités françaises de l’époque.
Il s’agit d’un mur qui ne dépasse pas les 1,5 mètre de hauteur permettant ainsi aux intrus d’y pénétrer facilement. Cette clôture précaire a été abîmée par le temps et la bêtise de l’homme. A l’intérieur, aucune opération d’entretien (désherbage, restauration, peinture, entretien des tombes… ) n’y a été effectuée depuis longtemps.
Une situation que les riverains expliquent par la terreur qui régnait durant les années de terrorisme où le simple fait d’y pénétrer signifie pour “les gardiens du temple de l’époque” la signature de son propre arrêt de mort ! explique un riverain du cimetière qui a aménagé une petite chapelle située à côté du cimetière en maison après l’indépendance. Depuis les choses ont beaucoup changé, mais pas pour ce magnifique petit cimetière qui fait face à la Méditerranée. Pis, ce que les terroristes ont épargné a été achevé par les délinquants qui ne trouvent aucune gène à y pénétrer la nuit pour y consommer de l’alcool ou s’adonner à d’autres dévergondages…
Résultat : ce lieu sacré a été vandalisé et profané. Les belles tombes en faïence et en marbre rares ont été saccagées et pillées. Le marbre des stèles a été volé, les noms des morts gravés sur des tablettes ont été gommés. La nature a fini le travail, les tombes sont grignotées par l’air et les sels marins. La question donc est de savoir à qui incombe la responsabilité de cette négligence ?
Il paraît que tout le monde a une part de responsabilité : D’abord, les autorités françaises qui n’ont rien fait pendant longtemps (elles se sont contentées d’allouer un budget spécial en 2003 pour l’entretien de leurs cimetières en Algérie, mais sans suivi ni contrôle). Elles ont tout simplement confié cette mission aux parties algériennes concernées. Les terroristes ont aussi une part de responsabilité, car ils ont saccagé et dévasté ce lieu durant les années 1990.
Les autorités algériennes, en l’occurrence l’Office national de la gestion des pompes funèbres ne s’occupait pas des cimetières chrétiens et incombe la tâche aux autorités françaises.
L’autre coupable reste aussi ces bandes de jeunes “imbéciles” et sans scrupules qui n’ont aucun respect pour les morts et qui continuent à profaner les lieux. En attendant que les parties concernées algériennes ou françaises pensent à rendre un dernier hommage aux personnes enterrées au cimetière chrétien d’Aïn Benian (celui d’une clôture digne de ce nom), ceux qui ont choisi le repos éternel dans ce cimetière doivent être en train de retourner dans leur tombe et attendent à ce que les vivants leur donnent un minimum de considération, même si leur confession est autre que celle de la terre où ils ont été enterrés.
N. H.